Mme Pétillat, inspectrice générale des Archives de France, fait des étincelles à St Barth
On n’y croyait plus… C’est pourtant par un vote à l’unanimité que le conseil territorial de Saint-Barthélemy a décidé de créer « le « Service des Archives Territoriales » de la collectivité de Saint-Barthélemy » en séance ordinaire du 31 mai 2010, considérant que contrôler et gérer les archives de la collectivité, c’est répondre aux besoins de mémoire des élus. Consulter d’urgence la délibération 2010-032 CT.
Que s’est-il passé, si vite ? Il faut se référer au « rapport au conseil territorial » préalable pour comprendre cet éclat : « Lors de sa visite, le 28 avril 2010, Mme Pétillat, inspectrice générale du patrimoine, venue de Paris, [nous] incite fortement à agir sans délai pour la mise en place de notre propre service d’archives », un mois plus tard la chose semble entendue ! Formidable coup de force : c’est que Madame Christine Pétillat fêtait là son premier anniversaire de Chevalerie de la Légion; le Comité de Liaison et d’Application des Sources Historiques en est tout pantois… coi… ne resterait plus qu’à trouver « le lieu » : bonne pêche !
Ce « rapport au conseil territorial » nous apprend surtout, à nous, citoyens sans honneurs, qu’un « projet de numérisation du fonds d’archives de Saint-Barthélemy conservé en Guadeloupe est en préparation », et il faut consulter la délibération 2010-207 CE du conseil exécutif de Saint-Barthélemy pour en savoir plus (réunion en session ordinaire du 1er avril !) : 16 000 euros vont être débloqués pour la « numérisation des archives et documents historiques propres à Saint-Barthélemy et se trouvant aux Archives Départementales de la Guadeloupe »… « afin de les rendre disponibles à tous les chercheurs et publics intéressé »… et même aux élus souhaitons-le !
Ce projet pourrait inclure également les archives qui se trouvent à Saint-Barthélemy, si tôt qu’on en aura fait l’inventaire… Car jamais, depuis 1878 et la rétrocession de l’île de la Suède à la France, Saint-Barthélemy n’en aurait fait un quelconque inventaire ! Oups ! Saint-Barthélemy, toujours si prompte à défendre ses spécificités historiques : à croire que la science y est infuse… Since 1878.
Mais revenons-en à nos archives de Guadeloupe, 13 000 pages : quelles sont-elles au juste ? À t-on considéré que les onze registres suédois du « Fonds du Tribunal de commerce et des prises de Basse-Terre [sous série 2L] » (qui, soit dit en passant, mériteraient peut-être d’être reversés et de refaire partie intégrante du fameux et fumeux « Fonds suédois de Saint-Barthélemy ») faisaient partie intégrante de ce « fonds d’archives de Saint-Barthélemy conservé en Guadeloupe » voire même de ces « archives et documents historiques propres à Saint-Barthélemy et se trouvant aux Archives Départementales de la Guadeloupe » ? Ces onze registres sont aujourd’hui parmi les seuls documents des Archives Départementales de Guadeloupe en provenance de Saint-Barthélemy à ne pas être consultables, sur aucun support, en raison de leur état de conservation : une priorité, non ?
Interrogé sur ces onze registres suédois de Bisdary/Gourbeyre/Basse-Terre/Guadeloupe le conseil territorial de Saint-Barthélemy aurait déclaré comme un seul homme qu’il n’en avait jamais entendu parlé (!)… Aussi, pour répondre et sans plus tarder à l’impérieux « besoin de mémoire de nos élus », il conviendrait peut-être de relire attentivement « La longue agonie des archives suédoises de Saint-Barthélemy » : Vive Saint-Barthélemy Vive la France et Vive le Fonds suédois d’Aix-en-Provence… Ne resterait-il pas quelques euros ? Saint-Barthélemy ne pourrait-elle pas faire montre d’initiative ? Plutôt qu’attendre la prochaine « venue de Paris », aussi pétillante soit-elle…