Le guide touristique toujours à la pointe du journalisme historique sur St Barth
Il avait été signalé ici même qu’un des objets du projet de participation du bateau MemoireStBarth.com à la 10ème Transat Ag2r – La Mondiale était d’opérer promotionnellement dans la lutte contre ces journalistes, essentiellement français, qui relayent encore aujourd’hui des inepties sur les sujets de la traite négrière et de l’esclavage sur l’île de Saint-Barthélemy (cf. St Barth, quand la presse en parle : « Ni plantations ni esclaves acheminés d’Afrique lors des traites négrières) »
Ecouter le sujet réalisé par Mr Benjamin Bourgine – Journaliste / Kazetenner – France Bleu Breizh Izel au départ de la course :
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Il faut croire que cette opération a été un échec, et pour cause : à défaut de gagner la course (sick !) voire de disparaître en mer, difficile d’avoir un quelconque rayonnement médiatique… puisque c’est bien de cela dont il s’agit; et quand bien même, difficile de mélanger les genres : difficile de concilier sport et histoire, pour un journaliste en tous cas, et touristique qui plus est.
C’est ainsi que le 1er Juin 2010 paraissait de nouveau un texte, signé Rust, dans le « 1er quotidien du voyage et des loisirs » c’est dire l’impact (!?), sur internet tourmagazine.fr, se proposant de rechercher les dernières traces de l’âme dans ce paradis devenu plein d’artifice qu’est l’île de Saint-Barthélemy, mais nous dévoilant qu’ « Il y a peu de noirs et de métis à Saint-Barth, l’île n’a pas accueilli d’esclaves faute d’avoir pu développer les plantations, par manque d’eau »… Enfin ! Et que le mot « accueilli » est d’à propos !
Il paraît donc opportun de signaler ici tout le travail entrepris depuis quelques années par le Comité de Liaison et d’Application des Sources Historiques afin de « nettoyer la toile » des bien trop nombreuses pages web mentionnant que l’île de Saint-Barthélemy n’a pas connu l’esclavage… un raccourci sans doute un peu trop rapide des spécificités de son peuplement actuel. De telles pages web sont, et il est temps, de plus en plus rares; et si tourmagazine.fr s’est vite ravisé il subsiste néanmoins de-ci de-là, et même localement, quelques textes où « Saint-Barthélemy n’aurait ainsi pas eu recours à la main d’œuvre des esclaves noirs venus d’Afrique »… à « gotostbarths.com » revient donc la palme et la canne, étant propriété intellectuelle d’un élu de l’ancienne municipalité de Saint-Barthélemy : c’est dire le travail qu’il reste à accomplir. Ne surtout pas compter sur les élus actuels pour le mener à terme !
Dans ce même registre, il peut être utile de revenir ici aussi sur un article relativement récent et particulièrement bruyant, au point d’avoir résonné jusque dans les murs du Palais Bourbon au moment de la discussion autour du changement de statut de Saint-Barthélemy : « Une île française sans impôts », par Sébastien Chauvin de l’université de Chicago et Bruno Cousin de Sciences Po Paris, paru dans le Monde Diplomatique (Janvier 2006) et largement repris ailleurs.
Un passage avait notamment retenu toute notre attention :
Entre-temps, l’abolition de l’esclavage (en 1847) avait donné lieu au départ progressif de la quasi-totalité de la population noire nouvellement affranchie, qui ne possédait pas de terres à exploiter. Ce départ en masse permet aujourd’hui à l’office du tourisme de la municipalité d’utiliser comme l’un de ses premiers arguments de vente le fait qu’à Saint-Barthélemy « la population n’est pas métissée » (quitte à effacer deux siècles d’histoire en affirmant au passage que l’île n’a jamais connu l’esclavage).
Interrogés sur leurs sources s’agissant de la mise en cause de l’Office du Tourisme de Saint-Barthélemy, la réponse suivante avait alors été formulée par l’un des auteurs :
—– Original Message —–
> From: « Bruno Cousin » ‹bruno.cousin@sciences-po.org›
> Cc: ‹chauvin@uchicago.edu›
> Sent: Friday, April 14, 2006 1:15 AM
> Subject: Re: info source esclavage à Saint Barthélemy
> une réponse très brève parce qu’il est déjà très tard :
> – dans notre article du Diplo, l’attribution de la citation concernant le
> métissage à l’Office du tourisme de St-Barth est due à une erreur :
> consultant un site dont une des pages d’accueil portait les entêtes et
> coordonnées de l’Office du tourisme de l’Ile, nous avions cru en toute
> bonne foi nous trouver sur le site officiel de ce dernier (site qui en
> fait n’existe pas);
> – au passage, je tiens à signaler que jusqu’en janvier 2006, ce site était
> référencé comme celui de l’Office du Tourisme de St-Barth sur les pages
> web du Ministère de l’Outre-mer de la RF (www.outre-mer.gouv.fr). Comme
> quoi nous n’avions pas été les seuls à être induits en erreur…
> – quoiqu’il en soit, ce genre de citations tendancieuses pullulent sur les
> sites et dans les publications consacrées à St-Barth (comme vous l’avez
> bien montré…) et j’admire votre détermination à enrayer cette tendance ;
> – concernant les responsables de l’Office du tourisme, dès que nous nous
> étions rendu compte de l’erreur, nous leur avions fait parvenir nos plus
> plates excuses;
> – ayant eu vent dès janvier de la préparation d’un droit de réponse par M
> Bruno Magras, je m’attendais à ce qu’il y soulève ce point dans la lettre
> dont le Diplo a publié des extraits en mars. Mais son courrier a
> finalement survolé ce point.
> (…)
> Le sérieux avec lequel nous envisageons notre travail de sociologues ne
> nous met pas à l’abri d’erreurs malencontreuses, mais nous nous attachons
> à les rectifier pour la suite.
> Merci d’avance de l’aide que vous pourrez nous offrir en ce sens. Tout
> autre commentaire ou critique – factuelle ou interprétative – sur notre
> papier du Diplo est la bienvenue.
> Cordialement,
> Bruno Cousin
Ce à quoi il avait été, en substance, répondu :
———————————
> Sent: Friday, April 14, 2006 1:20 PM
> Subject: Re: info source esclavage à Saint Barthélemy
> Le site que vous avez consulté est donc le suivant :
> St Barths Online : http://www.st-barths.com/
> Ne considérant que sa version française, il existe dès sa première page
> un lien intitulé « à propos de ce site » qui donne tous les renseignements
> utiles quant aux auteurs; en cas de doute sur l’origine d’un site internet il est d’ailleurs
> toujours plus prudent de vérifier à qui on a affaire, idéalement via une requête Whois.
> Le site en question est l’un des sites pionniers en matière de www à Saint Barthélemy
> et les deux pages pouvant contribuer à lui donner un caractère très officiel ne
> pourraient induire en erreur que les « sociologues » les moins aguerris; à moins qu’ils
> ne soient animés des intentions les plus douteuses ?
> Ainsi, nous aurions tout de même souhaité que vous nous indiquiez plus
> précisément dans ce site le lien exact de la page qui vous aurait autorisé à écrire ce
> paragraphe mettant ainsi en cause l’Office du tourisme de Saint-Barthélemy ?
> Car ce n’est certainement pas dans St Barths Online que vous avez pris l’information
> en question et il s’agissait plus exactement pour vous d’en remettre une bonne couche
> à Saint-Barthélemy… par tous les moyens nécessaires.
Nos deux « acérés du Diplo », Chauvin de Chicago et Cousin de Sciences Po, sont désormais connus de la postérité comme « Yinyin du Chikungunya » et « Maringouin de la Science Pot-au-feu »…
Quant à Jean-François Rust (en français, rouillé), sans doute un pseudo, il n’a pas fait très longtemps carrière.
Île de Nantes, le 4/06/2010
contact : logbook@memoirestbarth.com