Jean-Claude Latournerie, directeur de compagnie maritime, dreamline du « Pot au noir » au pot aux roses; et les archives s’évertuent à parler…
C’est un petit encart grisé, paru il y a près de deux mois déjà (JSB 944 du 5 octobre 2011), puis rangé sous le coude; pour une petite réaction réglée, dans la série à succès « Il faut protéger notre port de toute urgence ».
Le Journal de St Barth relaie et s’emporte : « « Il faut briser la houle afin de préserver l’activité maritime. Il existe pour cela des solutions simples, loin des investissements pharaoniques, qui permettraient en outre à la Collectivité de garder le contrôle. Mais pour cela, il faut une volonté politique », a encore ajouté M. Latournerie, certain que le sujet sera l’un des points phare de la campagne électorale »… Bigre !
Et la sempiternelle alarme de notre directeur de port : « si rien n’est fait, les bateaux vont partir voir ailleurs »… Au secours !
Mais il s’agissait là surtout de pointer la différence de traitement, en terme d’infrastructure d’accueil, entre port et aéroport… M. Latournerie prendrait-il notre Nono territorial pour un neuneu communal ? Notre brave Président, à la tête de la compagnie aérienne jaune et bleue qui commute, irait-il jusqu’à se faire bonsaï sur l’hôtel de la liaison maritime ?
De même quant aux « pourparlers avec les autorités néerlandaises en bon espoir d’aboutir » s’agissant d’ « amener [à St Maarten] le bateau au plus près des passagers aériens qui pourraient se rendre à pied au quai d’embarquement » : est-ce que ces mêmes autorités néerlandaises se tireraient aussi facilement un plomb dans l’aile de leur Windward Islands Airways Int. alias Winair ?
Alors revenons-en à notre port à protéger et dans une moindre mesure à sa gare maritime à transformer à la hauteur de sa fréquentation… gare maritime où la concurrence fait par ailleurs on ne peut plus rage : au Voyager 3 Dreamliner, « confort, rapidité, climatisé, design exceptionnel, salon ombragé, pont ensoleillé », répond de front se faisant face le Babou One, « fini le Blabla » ! Catamaran ou monocoque : le vent l’emportera ?
L’idée initiale de protéger le port de Gustavia, remonte nous le savons désormais au début des années 1800 en pleine période suédoise, et d’autres projets se sont succédés depuis. Plus ou moins connus de nos autorités. C’est que notre autorité suprême ne jure que par, et n’a jamais vu plus loin que, son exil du nombril de Saint-Thomas; et n’a que trop peu compris, ou trop tard, qu’il fallait sauver et mettre de l’ordre dans nos archives.
Et c’est justement par pareil labeur qu’a été retrouvé tout récemment, dans les papiers de feu l’ingénieur architecte Dominique Cellerier, un plan de 1966 signé d’un architecte de San Juan / Puerto Rico du nom de Juan A. Amador, et vraisemblablement proposé au maire de l’époque M. Rémy de Haenen par le Cpt. Wladek Nagner. Il s’agit plus exactement d’un projet de chantier naval à l’entrée du port : « proposed shipyard », mais où l’intention de protéger celui-ci est tout à fait manifeste… postulat sine qua non.
Alors peut-être que lorsque les intérêts de quelques-uns cesseront de vouloir impacter les intérêts du tout un chacun au nom de l’intérêt général, foutra t-on la paix au Port de Gustavia ? Et celui-ci restera t-il ouvert à tous et tout comme il l’a toujours été : marins à vos amarres ! Gustavia no prostitute…
Richard A. Lédée, à la table à carte du 60 pieds IMOCA n°35 par 12°N 75°W dans la nuit noire sans lune et les grains mouillus du Bassin Colombien, le 28 novembre 2011.
PS : Le Comité de Liaison et d’Application des Sources Historiques vous offre à présent une traduction, made in « JacquesG / Forum Franco-Suède », de la lettre adressée par le gouverneur suédois de Saint-Barthélemy au Chancelier de la Cour Gustaf af Wetterstedt; et qui contenait en annexe le projet de l’ingénieur de marine, Capitaine Joseph Jobert :
Très distingué M. le Baron, Chancelier de la Cour, Chevalier et Commandeur de l’Ordre de Sa Royale Majesté,
(…)
Le capitaine Jobert a, pendant son séjour ici, également travaillé sur un plan pour améliorer et par un mur de pierre entourer le port de la ville de Gustavia, afin de la protéger des vents toujours dangereux pour celui-ci et qui ces derniers temps ont provoqué de si grands dommages. Celui-ci fut présenté en décembre dernier au conseil et à l’assemblée des représentants de la Ville, et sa valeur y fut totalement reconnue.
Concernant les accidents que le commerce et la marine ont subis face à la puissance des ouragans dans la rade et le port, en raison également des grands bénéfices que cet ouvrage apporterait à la colonie à cet égard, pas moins aussi eu égard aux intérêts supérieurs de sa Majesté Royale et de la Couronne, qui ici sont si étroitement liés au développement de cette Colonie, j’ai osé exprimer à certaines occasions mon humble espoir que sa Majesté Royale, par un acte gracieux, veuille bien faire à la Colonie une avance d’un montant de 50 à 60 000 piastres à rembourser par la suite, afin de réaliser les travaux en question, contre la garantie de la Colonie et une somme à rembourser annuellement à partir du moment où l’édifice sera terminé.
Bien que l’utilité générale de cet ouvrage ait été comprise par tous, et que tout un chacun fut intéressé de voir la Colonie bénéficier d’un si grand avantage, cette même colonie ne parait pas pour l’instant être dans une situation qui permette de la soumettre à des dépenses nouvelles de cet ordre, ni la collectivité à de telles charges de travail; le seul espoir réside dans la permission de votre Majesté.
Comme le commerce n’est certes pas pour l’instant dans un état florissant, et que peu de perspectives se font jour pour un développement prochain, j’ai trouvé moi-même inévitable que cet ouvrage, bien qu’éminemment souhaitable, soit remis à un futur plus favorable; mais en même temps je considère de mon devoir de rapporter cette affaire à M. le Baron et Chancelier de la Cour, et de lui transmettre le plan du Capitaine Jobert ainsi que l’exposé de celui-ci sur le sujet, à partir de quoi M. le Baron et Chancelier de la Cour voudra bien se faire une opinion complète de la nature et des avantages de son projet.
Avec mon respect le plus profond, j’ai l’honneur de demeurer, M. le Baron, Chancelier de la Cour, Chevalier, Commandeur m. m.
Votre Serviteur
R. Stackelberg
Gustavia le (?) Avril 1816