Le difficile défi de l’histoire caribéenne pour la directrice du tourisme de la collectivité de Saint-Martin
« En 1749, l’île est déclarée port franc »
C’est une bien surprenante référence chronologique qui figurait sur la page « Histoire » du site internet que vient de mettre en ligne le sénateur de Saint-Barthélemy, Michel Magras :
1749 : l’île est déclarée port franc par décret royal.
Allons bon ! Décret royal… de Sa Majesté de Sardaigne ? À y perdre son Suédois…
Pâle copié / collé d’un portail touristique, les deux pages web ont été corrigées depuis, par retrait de cette ligne erronée.
Une source possible de ce non-sens se trouve p. 27 d’un ouvrage publié en juin 2010 par Stéphanie Bessière : Le tourisme des Antilles françaises – Le défi de la concurrence caribéenne (L’Harmattan – Paris) : « En 1749, l’île est déclarée port franc etc. » Tandis que deux pages plus loin, p. 29, on atteint le summum : « Anecdote : l’aridité de la terre a tenu Saint-Barthélemy à l’écart du système des plantations et de l’esclavage. »
« L’aridité de la terre a tenu Saint-Barthélemy à l’écart de l’esclavage »
Le plus décevant reste que l’auteure, forte diplômée, expérimentée des ministères, directrice du tourisme de la Collectivité de Saint-Martin, avait été sollicitée en juillet 2009, donc près d’un an avant la publication de son livre, pour faire remonter dans les instances de ladite collectivité une question du Comité de Liaison et d’Application des Sources Historiques suite à la délibération adoptée par le Conseil Territorial de la Collectivité de Saint-Barthélemy le 26 juin 2009 sollicitant du Gouvernement « la fixation de la date du 09 octobre (au lieu du 27 mai) pour date officielle de commémoration annuelle de l’abolition de l’esclavage dans la Collectivité Territoriale de Saint-Barthélemy »; et si « abolition de l’esclavage » à Saint-Barthélemy il y a eut…
Comment peut-on persévérer, en 2010, à publier pareille sottise ?
Il est vrai que sans réponse du Gouvernement et sans plus d’insistance de la part de la Collectivité de Saint-Barthélemy, les collégiens de l’île risquent d’ignorer pendant longtemps encore le passé de leur petit territoire, tout en chômant le 27 mai (au lieu du 9 octobre), académie de la Guadeloupe oblige. Et pourtant, comme s’attache à le démontrer Stéphanie Bessière : la compréhension économique et politique d’un pays passe par la connaissance de son histoire (!), de sa culture et des hommes qui le façonnent.
Alors qu’attend donc notre seul véritable représentant au parlement, le sénateur de Saint-Barthélemy, pour obtenir la publication de ce décret, qui, même s’il n’est pas royal celui-là, n’en sera pas moins salutaire ? Peut-être la sortie du prochain glamour « Vanity Fair » : The secret history of St. Barth’s slavery… prévue pour janvier 2011.