Suite au talonnage du Figaro 33 dans le parcours de départ de la Transat Ag2r, Richard Lédée relance les élus de la Collectivité de Saint-Barthélemy
L’amiRAL. le C-L-A-S-H et aujourd’hui MemoireStBarth.com. Derrière ce pseudo, acronyme et autre site internet, un seul personnage et son petit cocon familial : Richard Lédée. 40 ans, en fin d’année. Arrivé « bon demier » de la 10e édition de la Transat Ag2r-La Mondiale sur le Figaro MemoireStBarth.com. Plus petit budget de la flotte : la moitié voire le tiers des budgets «professionnels». le Figaro à spi noir. Le seul avec « Gaspé 7 » à ne porter aucune « publicité ». Se concentrant sur un message unique : « MemoireStBarth.com », qui rappelle autant le travail scientifique de mémoire et d’histoire engagé depuis 2007 pour rendre a Saint-Barth ce qui lui appartient, que le nouveau site internet, successeur de « c-l-a-s-h.info » dédié au passé négrier, esclavagiste et abolitionniste de l’île, que le même Richard et sa très chère et fétiche webmaster a mis en ligne quelques jours avant le départ de la Transat Ag2r. Orchestrée comme une opération de promotion du site, la participation du figaro MemoireStBarth.com s’est révélée une belle aventure humaine entre deux marins – Richard et Christophe Lebas – pas tout a fait comme les autres; et leur entourage proche. A l’origine, entre autre, d’un final inédit (lire la précédente édition du Journal de Saint Barth N°876) et d’un grand Z « qui veut dire Zozio » dessiné sur l’eau, au Vent de Saint Barth par 30 noeuds de vent et quelques mètres de creux : «physiquement éprouvant».
Une aventure qui n’avait cependant pas très bien commencée : le jour du départ, dans le parcours côtier, par manque de vigilance, forcément, mais aussi quelque part par manque de chance, le Figaro a tapé un caillou, s’est posé sur le caillou et est passé de l’autre côté du caillou, le tout en quelques secondes, causant un décollage d’une pièce maîtresse de la structure intérieure du bateau : une varangue. Continuer ? Rentrer pour réparer ? Abandonner ? Pour Richard qui a vécu les derniers mois « dans un rush total » pour monter son projet de navigation en ligne et sur l’eau, et Christophe, si heureux de retrouver le large après des revers difficiles en recherche de partenaires en ces temps de crise, le choc est rude, très rude. Marquant au feutre les limites des fissures, le tandem décide de poursuivre; et jusqu’au bout, et arrive. Mais cela ne sera pas sans frais : la caution de la location est perdue. Alourdissant de 5000 euros le budget, qui reste malgré tout toujours le plus étriqué des 25 bateaux au départ : « beaucoup de gens m’ont aidé : certains pour la course proprement dite, que j’affectionne, d’autres en soutien de la promotion du travail de recherche que j’ai réalisé. Mais je comptais vraiment sur une subvention de la Collectivité pour boucler le budget. Je n’ai peut-être pas demandé en bonne et due forme ? ni avec un dossier très élaboré, mais les élus savent ce qu’est la Transat Ag2r, et savent également que j’y ai déjà participé deux fois auparavant; et savent qu’il y a écrit St Barth sur mon bateau. » déplore cet empêcheur de tourner en rond, qui, s’il ne cache pas avoir quelques différends avec les édiles locaux et autres administrateurs du bon fonctionnement, imaginait toutefois qu’on le gratifierait d’une aide pour le travail historique accompli : « Rien. Je n’ai même pas eu de réponse à mes sollicitations. Je ne cache pas que cela m’a blessé; et certainement plus que je n’ai jamais pu blesser : on a ce qu’on mérite » poursuit Richard d’un franc parler qui n’est pas pour plaire à tout le monde. Homme blessé, Richard Lédée, au propre et au figuré : un coup sur la tempe au large de Gibraltar, et une côte fêlée un peu plus loin, n’a néanmoins pas caché sa surprise et sa joie après l’annonce de l’opération déclenchée par les membres de la commission animations et festivités de la Cem visant à collecter des fonds pour permettre le rapatriement du Figaro 33 en métropole: « des anciens sont venus en personne me remettre des enveloppes. Ça, c’était vraiment fort; ils ont ensuite eu peur que je les perde, mais je ne perds rien, sinon de temps en temps ma carte bleue et une paire de clés » poursuit encore Richard qui, au total, a ainsi collecté 5400 euros.
Pour autant, après le talonnage du Figaro et la réparation qui s’en suivra à l’arrivée du cargo à Lorient, première quinzaine de juin, cet élan de solidarité n’est pas suffisant et le skipper qui devrait repartir le 29 mai prochain, espère encore obtenir une aide de la Collectivité; toujours sans demande en bonne et due forme, ni avec un dossier très élaboré. Mais, comme on le lui a dit : « c’est une aide qui lui revient », puisqu’ « il a fait vibré le pays »… et rien ne vaut une bonne vibration, une vibration positive.
Source : JSB – 26 mai 2010 – 877 ACTUALITÉS